Séance du 16 janvier 2010
Pour cette première séance de l'année 2010, trois communications étaient au programme.
Peu d'églises du département de la Creuse présentent encore des caractéristiques du XIe siècle et c'est celle de Maison-Feyne qu'Aurélien Gendillou à choisi de présenter. Après un bref historique de cette église dépendant de l'abbaye de Déols, il s'est attaché à montrer ses différentes particularités architecturales. D'abord on observe un chevet orienté vers le nord alors qu'il est habituellement orienté vers l'est. Les murs construits en moellons et non en pierres de taille indiquent qu'ils ont été érigés au XIe siècle tandisque les piliers supportant les voûtes sont du XIIIe ; tels sont quelques indices parmi d'autres qui témoignent d'importants remaniements qui ont néanmoins pris soin de conserver toutes les caractéristiques du style roman. Cela est peut-être dû à un incendie au XIIe siècle qui pourrait être à l'origine de la destruction d'un transept ou déambulatoire.
Jean-Louis Broilliard a ensuite analysé le testament fait en 1685 d'Antoine Mercier, tapissier de la communauté protestante d'Aubusson. Celui-ci revient à plusieurs reprises sur ses volontés au fur à mesure de l'inventaire mobilier, il désavantage sa femme mais lui témoigne pourtant sa confiance en tant que tutrice. Il échafaude alors plusieurs hypothèses pour expliquer ces différent revirements. Antoine Mercier a été tuteur de deux neveux dont la charge lui a occasionné des procès sans fin, il en termine encore un peu avant la fin de son testament, peut-être a t-il voulu absolument que la justice ne se mêle pas de la succession. Par ailleurs ses filles sont promises à des catholiques de la noblesse, d'ailleurs elles abjureront par la suite, peut-être s'agissait-il pour lui d'accorder au mieux les parties catholiques dont était son médecin ou l'entourage de sa femme et sa fidélité à la Religion réformée.
C'est avec Amédée Carriat que Daniel Dayen avait envisagé différentes recherches sur George Sand : ses séjours dans la Creuse, ses relations avec des personnes ayant des attaches dans la Creuse si ce n'est de naissance sinon de cœur, ou encore la Creuse dans les romans de George Sand. À cette occasion il s'est attaqué au deuxième axe. Facilité en cela par la publication de sa Correspondance par Georges Lubin en 25 volumes et L'agenda de George Sand, c'est par ses amants qu'il a commencé, Jules Sandeau bien-sûr, et Stéphane Ajasson de Grandsaigne, puis il a continué par ses parents tels que les La Roche-Aymon ou les Leblanc de Beaulieu, puis a terminé par ses amis politiques ou non, au nombre desquels Pierre Leroux, Sylvain Lasnier défenseur des accusés de 1834, André Leyraud, Pierre-Simon Maillaud, le docteur Pierre-Paul Darchy, les Maulmond, Ludre Gabillaud, ses trois derniers cousins germains à Boussac et Chambon, et bien d'autres encore.
Assemblée générale statutaire
Le président et la trésorière ont présenté les rapports habituels dont l’essentiel avait été publié dans la lettre aux adhérents. Ces rapports ont été adoptés à l’unanimité.
Sur la proposition du conseil d’administration, l’assemblée a décidé de fixer la
cotisation 2011 à 27€.
L’église de Saint-Hilaire, commune de Moutier-Rozeille
Photos à l’appui, Jacques ROGER a rappelé l’apport des différentes campagnes
de fouilles qui se sont déroulées sur le site de l’ancienne église de Saint-Hilaire.
Mais, parallèlement aux fouilles sur le terrain, il convenait d’ausculter les textes
des différentes époques, enquête dont a été chargée Angélique MARTY qui en a
donné l’essentiel des apports. Jusqu’en 1297 il existait bien deux paroisses, mais
Saint-Hilaire était déjà sous le contrôle du monastère de Rozeille. Il n’y eut ensuite
qu’un seul curé et, entre le milieu du XIVe siècle et le début du XVIe, Saint-Hilaire
devint une simple annexe, ce qu’une partie de la population n’accepta pas sans
luttes.
Les campagnes de la Haute-Marche au XVe siècle
C’est une partie de sa thèse soutenue à Toulouse en novembre 2009 et intitulée Héritage de serve condition, une société et son espace : la Haute-Marche à la
fin du Moyen Âge qu’a présentée David GLOMOT. Si la région fut épargnée par
la guerre, elle n’en connut pas moins les troubles et les ruines. La reconstruction
fut longue et incomplète, avec des nouveautés, principalement l’apparition de la
métairie. Le paysage a évolué : on est alors passé du ségala vivrier et ouvert au
semi-bocage conçu pour le négoce de la viande. Mais si le nord et l’ouest se sont
relativement bien intégrés dans l’économie nationale, le croissant sud-est s’est
retrouvé nettement marginalisé.
Séance foraine à Flayat.
Le plan d’eau de la Ramade, un étang menacé
Jean DEVAUX, professeur d’écologie honoraire de l’université de Clermont-II, a d’abord présenté le phénomène naturel d’eutrophisation qui aboutit à la
disparition du plan d’eau, mais à l’échelle temporelle des millénaires. Cependant
les activités humaines modifient la composition quantitatives des apports en azote
et phosphore, entraînant la croissance exubérante du phytoplancton. Chargé de
mission à la Fédération de pêche et des milieux aquatiques du Puy-de-Dôme,
François DESMOLLES a ensuite exposé la situation de l’étang de la Ramade
(commune de Flayat, mais propriété de la commune de Giat) qui subit les
conséquences de la densité de l’élevage bovin, du drainage, de la suppression
des méandres des cours d’eau, de la disparition des haies et de la présence de trop
nombreux étangs.
Outils néolithiques de Flayat
Pierre M. GANNE a fait le recensement des outils néolithiques trouvés sur le
territoire de la commune de Flayat. Certains ne sont connus que par des mentions
anciennes, comme la hache de La Vacherie signalée par Henri de Brinon en 1924 ;
d’autres ne peuvent plus être examinés. Ont été inventoriés 9 haches, une hache
bipenne et un racloir. La cartographie de lieux de découverte montre le lien entre ces
outils et le réseau hydrographique. Aucun n’est d’origine locale. La hache bipenne
en métadorite trouvée à Manaly vers 1980 est particulièrement remarquable.
Jean-Baptiste-Michon à Flayat et à La Courtine
Auteur d’une thèse préparée sous la direction de Michel Cassan et portant sur
Clercs et paroissiens en Limousin (vers 1660-1789), Stéphane LAJAUMONT a
évoqué le curé Jean-Baptiste Michon (1700-1765). Vicaire de Flayat, paroisse
dont il était originaire, puis curé de Saint-Denis et La Courtine, Jean-Baptiste
Michon (1700-1765) fut bien un prêtre de la Réforme catholique, attaché à l’embellissement de ses églises, au respect scrupuleux des ordonnances épiscopales, à la sacralisation de l’espace paroissial par la plantation de croix et
les processions, à la dévotion au Saint-Sacrement. Cependant il sut respecter les
usages locaux tout en les infléchissant, et son désir de connaître ses paroissiens
s’est traduit par la rédaction de deux registres connus sous le nom d’Annales de La
Courtine, précieux notamment pour les études de démographie historique.
Un tableau de l’église de Flayat
L’église de Flayat contient un tableau de la charité de Saint-Martin. On sait
qu’il fut commandé en 1728 par l’abbé Michon, alors vicaire de la paroisse. On
sait aussi que cette commande fut faite à un peintre d’Aubusson de la famille
des La Seiglière. Mais était-ce Léonard ou son fils Blaise ? ou bien encore un
frère de Léonard ? Ce sont là les diverses hypothèses qu’a exposées Jean-Louis
BROILLIARD , la question ne pouvant être actuellement tranchée.
Les suppressions de communes dans la région de Flayat
Dans la première moitié du XIXe siècle, c’est plus de 30 communes qui furent
supprimées dans le département, en dépit des résistances des populations. Il en
fut ainsi de Villefert, réunie en 1831 au Mas-d’Artige, de Monteil-Guillaume,
absorbée par Crocq en 1836. La même année, Saint-Alvard devait également être
réunie à Crocq mais les habitants préférèrent Basville. Quant à Salesses, ancienne
maison hospitalière, elle fut réunie sans problèmes apparents à Saint-Agnant-près-Crocq en 1831. Mais, près d’un siècle plus tard, devant le refus par la municipalité
de construire une école de hameau, les sectionnaires demandèrent et obtinrent leur
rattachement à Flayat en 1927.
Séance du 17 juillet 2010
Notes de protohistoire. Le dolmen de La Chadrolle
Gérard GOUYET et Patrick LÉGER ont présenté des notes de protohistoire portant
sur des haches et sur des tertres des cantons de Bénévent, de Guéret et de Saint-Vaury. Les haches ont été trouvées dans le département, ou bien il est permis de
le penser, comme pour celle conservée au musée Calvet d’Avignon. Les tertres
signalés n’ayant pas été fouillés, il est difficile de les dater : mottes féodales ?
premier âge du fer ? peut-être âge du bronze pour ceux de La Chérade et de
Pampary (Saint-Vaury) pouvant être liés au site de hauteur du Mont Bernage. Le dolmen installée dans le jardin public de Guéret provient de La Chadrolle,
commune de Saint-Agnant-de-Versillat. Patrick Léger a recherché les textes qui
l’ont décrit dans le passé : c’était manifestement le plus grand du département mais,
bien avant son transport à Guéret, il a été en partie détruit : sa table, longue de 5,30
m dans la première moitié du XIXe siècle, ne mesure plus aujourd’hui que 2,40 m.
Le prieuré et la seigneurie de La Tour-Saint-Austrille
Thérèse MANGERET a présenté sa tentative de reconstitution de l’histoire du début
du prieuré de La Tour-Saint-Austrille. Le lieu semble avoir dépendu de Déols avant
957 et avoir été placé sous la protection de la famille de Brosse. Cette avouerie
fut achetée en 957 par Drocticus, petit seigneur local, qui fit construire une église,
fonda un monastère et le donna à l’évêque de Limoges qui l’abandonna à Déols
en 1095.
Remarques sur les titres de vicomte et de vicomté de Bridiers
L’expression « vicomté de Bridiers » a été employée par divers auteurs pour
désigner l’un des grands territoires féodaux du Limousin. Mais, à regarder de
près les textes, comme l’a fait Jean-Pierre BOUCHER, employer cette expression
et celle de vicomte de Bridiers avant la seconde moitié du XIVe siècle relève de
l’anachronisme. Les Brosse, les Lusignan, les Thouars, détenteurs successifs
de la seigneurie, étaient bien honorés du titre comtal ou vicomtal, mais pour
d’autres possessions. Ce semble être Isabeau de Thouars, à qui échut Bridiers,
qui, ne voulant pas renoncer au prestige du titre de vicomtesse auquel elle pouvait
prétendre par sa naissance, fit reconnaître son héritage au rang de vicomté.
SORTIE À AJAIN
À l’issue de la séance, en long cortège de voitures, les participants se sont rendus
à Ajain, en passant par Villecorbet (tertre et voie romaine). Ils ont été reçus par le
directeur de l’ÉHPAD qui leur a fait découvrir le tableau de Sylvain Grateyrolle
représentant un mendiant. A été retracée l’histoire du petit séminaire. Ils ont
ensuite visité l’église, en cours de restauration, puis se sont rendus à l’emplacement
de l’ancien château. La sortie s’est terminée par la chapelle de Bonnefont, à la
sortie du bourg, édifiée après la guerre de 1870-1871, en remerciement du non-envahissement
de la Creuse par les Prussiens.
Séance du 18 septembre 2010
La moule perlière, une espèce menacée
Gilles BARTHÈLEMY, après avoir montré l’importance de la moule perlière dans
l’histoire, a expliqué pourquoi et comment cette espèce était aujourd’hui devenue
rare et son existence menacée, malgré la protection officielle dont elle est l’objet.
D’après les recensements de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques
et des chercheurs, il n’y aurait plus dans le département que 3 500 individus dont
la reproduction n’est plus assurée. La situation pourrait cependant être réversible
avec un retour à la pureté des eaux.
Antoine Varillas, un historien marchois sous Louis XIV
Antoine Varillas a d’abord été un historien très apprécié mais la parution de son
Histoire des hérésies, qui avait subi la censure des théologiens catholiques, a
déclenché en Europe puis en France une polémique qui a déconsidéré son oeuvre
entière. Cécile JALOUNEIX-DRAYE a montré qu’il avait pourtant été un historien
scrupuleux, citant ses sources, mais que, précisément, c’est son refus d’exploiter
les archives dans le sens souhaité par le pouvoir royal qui avait été cause de son
discrédit.
VISITE DE LA BMI
Après les communications, les assistants ont pu se rendre à la Bibliothèque
multimédia intercommunale qui venait d’être ouverte au public pour découvrir
l’espace Patrimoine où est installée notre bibliothèque, et parcourir l’exposition
« Trésors des bibliothèques de Guéret ».
Séance du 20 novembre 2010
La séance s’est pour la première fois tenue dans l’auditorium – bien rempli – de la
Bibliothèque multimédia intercommunale.
La fontaine Saint-Mandé à Saint-Sulpice-le-Dunois
Il existe à Saint-Sulpice-le-Dunois une fontaine Saint-Mandé où, il y a quelques
dizaines d’années encore, on conduisait les enfants pour les fortifier. Noëlle
BERTRAND a formulé l’hypothèse que le culte de ce saint, d’origine bretonne, mais
dont les reliques, lors des invasions normandes, furent transportées à Bourges,
siège de l’archevêché dont dépendait le diocèse de Limoges, pourrait avoir été
importé au XVIIIe siècle dans cette paroisse marchoise par des clercs de la famille
Merle de La Brugière.
La pensée de Jean Guitton illustrée par ses peintures
Renée PINTON, ainsi que l’a rappelé Frédéric Gravier, a été une familière de Jean
Guitton dont elle a présenté l’oeuvre peinte. Elle a en particulier commenté, en
les rattachant à la pensée philosophique de l’artiste, les deux tableaux qui ornent
la chapelle du Deveix : la Philosophie et la Théologie. Elle s’est aussi attachée à expliquer la symbolique du chemin de Croix et des trois toiles offertes à la
commune de Champagnat : l’Accord, l’Enfant, la Lettre.
La maison d’enfants du château du Theil (1943-1944)
Après avoir évoqué le centre de réinsertion de La Chaze, commune de La
Villetelle, créé à la fin de 1942, dont l’expérience fut un échec en raison surtout
du manque de formation du personnel d’encadrement, Christophe MOREIGNE
a développé l’histoire de la Maison d’accueil chrétienne pour enfants du Theil,
commune de Saint-Agnant-près-Crocq, oeuvre protestante franco-tchécoslovaque,
qui dut quitter les Alpes-Maritimes en septembre 1943 et dont l’installation dans
la Creuse fut fortement appuyée par le préfet Vasserot. Cette institution a permis le
sauvetage d’enfants juifs et aussi de résistants traqués par la Gestapo.