Séances de 2016

Séance du 16 janvier 2016

Salle de la mairie de Guéret

Jean-Gilbert Ducher a retrouvé trois bornes routières anciennes localisées dans les communes de Lourdoueix-Saint-Pierre, de Chambon- Sainte-Croix et de La Celle-Dunoise. Ces bornes, implantées sous l’Ancien Régime, étaient des marqueurs de corvées imposées aux paroisses par le pouvoir royal pour l’entretien des routes principales. Ces corvées étaient très impopulaires.

Daniel Dayen présente l’évolution de l’approvisionnement en eau de Guéret. Aux puits possédés par les particuliers se sont longtemps ajoutées les fontaines publiques. Les premiers captages de la forêt de Chabrières ont eu lieu dans les années 1820. Ils se sont poursuivis par étapes jusque dans les années 1940, où ont également été ouverts ceux du Maupuy. Mais la croissance des besoins a fait que, par la suite, on a dû recourir aux eaux de surface, d’abord celles du ruisseau de Courtille et, en dernier, celles de la Gartempe.

Odile Bonneau décrit les différents épisodes de la vie et les principales publications de son père, écrivain oublié, qui a longtemps vécu à Chambon-sur-Voueize. Albert Bonneau, surnommé « le voyageur immobile » a écrit plus de 500 ouvrages, romans populaires, romans policiers, romans pour la jeunesse, bandes dessinées, sans compter les nombreux articles de revues, relatifs notamment à l’actualité cinématographique. Il a également entretenu une abondante correspondance avec de nombreux acteurs ou metteurs en scène, tant en France qu’à Hollywood.

Assemblée générale
et séance du 19 mars 2016

Salle de la mairie de Guéret

Gabriel Caraire, de la Société Analyse GC, en l’absence excusée de Jacques Roger, ingénieur d’études au Service régional de l’archéologie, évoque l’apport, pour les prospections archéologiques, du radar dans le département de la Creuse. Dans son intervention, l’auteur montre l’intérêt de ces toutes nouvelles techniques de prospections en prenant des exemples relatifs à la compréhension de sites gallo-romains, mais aussi pour la recherche, notamment, des structures du haut Moyen Âge ou antiques qui ont précédé l’édification des églises creusoises. Les nombreuses questions posées à l’auteur portent notamment sur les applications possibles pour les différents types de sites rencontrés dans le département et sur l’interaction entre prospections et fouilles archéologiques.

Gilles Le Hello présente un objet très curieux : une tirelire en pierre qui se trouve à proximité de la chapelle de l’Hôpital Fontfeyne, commune de Saint-Frion. Dans la discussion qui suit l’exposé de l’auteur, Pierre Ganne indique une pierre ayant de grandes affinités avec celle de Saint-Frion ; elle se trouve dans le département du Puy-de-Dôme.

Guylaine Brun-Trigaud, ingénieur au CNRS, attachée au laboratoire niçois Bases-Corpus-Langage, aborde la question des parlers de la Creuse, de la zone qu’on appelle « le Croissant », aire des parlers intermédiaires entre la langue d’oïl et la langue d’oc, sujet qui avait fait l’objet de sa thèse2. De nouvelles méthodes, faisant appel à des modèles mathématiques appliqués en informatique, permettent d’analyser plus en détail les variantes linguistiques des différents espaces géographiques du département et mettent en évidence une réalité plus complexe que ce qui était perçu auparavant. La discussion qui a suivi cette intervention montre l’urgence de telles études avant la disparition de ces langages locaux. Il est fait allusion à l’intérêt de prendre en compte les éléments structuraux de la phrase en plus des différenciations lexicales, aspect qui n’a presque jamais été pris en compte dans les études anciennes. Le président fait état de recherches, notamment par madame Schwer, responsable du département de mathématique de l’université de Paris-Sorbonne, dans le domaine des applications mathématiques à la linguistique. Il indique que le congrès de la Fédération des Sociétés savantes du centre de la France, qui se tiendra à Guéret en 2017, aura pour thème Marches, limites frontières en France centrale, et que la confrontation des idées des archéologues, des historiens et des linguistes sur ce sujet, devrait peut-être permettre d’avancer un peu plus pour la connaissance des causes des variantes et limites linguistiques dans cette zone.

Séance du 21 mai 2016

Salle de l’IRFJS de Grancher

Patrick Léger et Piet Strick évoquent leurs recherches pour tenter de retrouver la collection archéologique d’Yves Fesneau. Pendant plus de 50 ans ce chef d’institution à La Souterraine effectua des fouilles archéologiques importantes dans les environs de cette cité, principalement 473 à Bridiers. À sa mort, sa collection, dont on ne sait à peu près rien mais qui était importante, a disparu. Une enquête presque policière, plus de 130 ans après, permet de retrouver une piste en Belgique, avec peut-être une nouvelle piste à Londres.

Yves Guiet relate les causes de la condamnation du caporal Moret, un des six fusillés creusois de 1914-1918. Il eut un très particulier système de défense, dénonçant un harcèlement sexuel, qui n’empêcha pas sa condamnation.

Olivier Brunet décrit les tissus coptes dans les collections du musée d’art et d’archéologie de Guéret. Bien que peu connue, cette collection de tissus des premiers chrétiens d’Égypte au musée de Guéret est une des plus importantes des musées français de province. Les tissus déposés par l’État, au début du XXe siècle, provenant pour la plupart des fouilles d’Antinoë sont complétés, à la fin du XXe, par des achats des Amis du musée, notamment lors de la vente Tabard, et par le don fait par Mme Hervouet.

En l’absence de Philippe Gayet, Noëlle Bertrand présente le peintre Ernest Hareux. Né à Paris en 1847, Ernest Hareux est un admirateur d’Alexandre Calame et Gustave Doré. Il étudie à Paris auprès de Charles Busson, Émile Bin, Léon Germain Pelouse, Trottin et Levasseur. Il se spécialise dans le paysage et devient membre de la Société des artistes français en 1883. Il peint en Normandie et dans la Creuse, où il rejoint l’école de Crozant. Il décède en 1909 à Grenoble où il était devenu « le peintre des montagnes ».

Séance du 16 juillet 2016

Salle des fêtes de Gouzon

Serge Nénert évoque l’évolution du bassin de Gouzon, depuis les dépôts stéfaniens de l’ère primaire, jusqu’aux formations sédimentaires sableuses de l’ère tertiaire. Il s’interroge sur l’absence de dépôts de l’ère secondaire et pose le problème d’une hypothétique avancée marine à cette époque. La question du manque de certaines phases du tertiaire dans les dépôts sédimentaires du bassin de Gouzon pose aussi des problèmes qui n’ont actuellement pas de solutions probantes. Enfin, l’évolution quaternaire de ce bassin n’est toujours pas résolue.

Patrick Léger présente la question de la station lacustre des Manais, découverte lors de travaux d’extraction d’argile en 1936. Les descriptions du docteur Janicaud semblent bien correspondre à ce type de site, connu presque exclusivement dans le Jura et les Alpes pour le Néolithique. Il présente ensuite le dépôt du plus important lot de haches du bronze moyen connu pour le département de la Creuse, dépôt découvert en 1888 dans le communal du village et ancienne commune des Forges. Ces deux sites sont, pour la préhistoire et la protohistoire creusoise, des découvertes majeures. Malheureusement, les informations de l’époque sont trop lacunaires pour une exploitation scientifique approfondie.

Gérard Gouyet étudie le site préhistorique et gallo-romain de Lavaud, commune de Toulx-Sainte-Croix. Ce site, peu connu, a pourtant livré deux têtes de bélier en granite qui sont assez exceptionnelles

Noëlle Bertrand a remarqué, dans un mur de grange proche de l’église de Toulx-Sainte-Croix, une croix qui présente de grandes analogies avec celles que l’on rencontre généralement autour de Crozant de type Crozant.

Bernard Pinet, excusé, nous a fourni une étude de l’église de La Celle-sous-Gouzon, qui a été présentée par Martine Ravillard.

Daniel Dayen a étudié les modifications territoriales dans la région Boussac-Gouzon-Jarnages. C’est à l’occasion de la confection du cadastre, en 1829-1830, que furent supprimées les communes de Bellefaye (rattachée à Soumans) de Pradeau (rattachée à Toulx-Sainte-Croix), de Champeix (rattachée partie à Malleret-Boussac, partie à Clugnat), de Bornet (rattachée à Bord-Saint-Georges). Plus tardivement, en 1890, c’est la section de Ventenat qui passa de Toulx-Sainte-Croix à Trois-Fonds, doublant ainsi la population d’une commune sans véritable chef-lieu.

À l’issue de la séance de communications, les participants se sont rendus aux Forges, commune de Gouzon, où Martine Ravillard a présenté l’église Saint-Nicolas et ses fresques remarquables (ixe, XIIe et XIVe siècles)

Séance du 10 septembre 2016

Grande salle de la Mairie de Guéret

Les fouilles conduites il y a plus de dix ans sur le site médiéval de Drouilles, commune de Saint-Éloi, ont permis de mettre au jour un important lot de mobilier métallique, la plupart des pièces étant liées à l’équipement militaire, mais aussi des pièces plus décoratives et notamment une très intéressante fibule en fer et cuivre cloisonné avec un décor en pâte de verre. Après restauration dans un laboratoire de Toulouse, cette fibule est étudiée par Serge Gady qui la situe dans un ensemble de découvertes rares, tant au plan local que dans un contexte géographique élargi.

Un ensemble de tombes anciennes du cimetière de Guéret fait l’objet d’un projet de reprise par la ville Olivier Brunet et Marie Léger ont commencé l’inventaire de ce patrimoine menacé et montrent combien certaines de ces tombes doivent, soit en raison de leur valeur architecturale, soit parce qu’elles sont le souvenir de personnalités importantes de l’histoire de la cité et du département, être conservées. Par ailleurs, certaines parties du cimetière de Guéret ont une valeur paysagère devenue rarissime dans les nécropoles de la région ce qui confère au cimetière de Guéret une valeur qu’il serait regrettable de détruire.

La mobilisation et le départ des tapissiers pour la Grande Guerre ont eu un impact important sur l’activité économique de la sous-préfecture d’Aubusson. Romain Bonnot, en utilisant une abondante documentation et en s’appuyant sur de nombreux supports iconographiques, replace Aubusson dans le contexte des premiers mois de la Grande Guerre. Après une présentation de la ville en 1914, il évoque les conséquences de la mobilisation sur la ville et son activité tapissière qui employa jusqu’à 2 000 ouvrières et ouvrières avant la guerre. Il aborde notamment l’organisation de la vie quotidienne de ceux qui restent : restrictions, réquisitions, attente des nouvelles du front, mais aussi les conséquences indirectes des combats sur la ville : transformation du collège en hôpital temporaire, rapatriement d’un dépôt du 162e régiment d’infanterie. Il présente également l’évolution de la situation des ateliers de tapisserie.

Séance du 19 novembre 2016

Salle de L’IRFJS de Grancher à Guéret

Jean-Michel Bienvenu et Véronique Daviaud présentent les paysages, l’habitat et la biodiversité des Combes de la Cazine, situées sur les communes de Colondannes, de Saint-Léger-Bridereix et de Naillat. Ce site révèle une qualité paysagère indéniable qui lui vaut un classement au titre de l’inventaire national des sites inscrits dans les années 1980. Ce paysage, singulier de nos jours, est constitué d’une mosaïque d’habitats naturels remarquables. La variété d’espèces végétales et animales mise en exergue par les inventaires naturalistes a conduit à la définition d’une politique de gestion conservatoire pour le maintien des richesses écologiques de ce site.

À l’est du département, Peggy Poulain a conduit des fouilles archéologiques à Rougnat et elle en donne les résultats. Cette opération de fouille préventive a eu lieu dans le courant de l’été 2013. Des vestiges allant du haut Moyen Âge au XIXe siècle ont été mis au jour, permettant ainsi d’avancer dans la connaissance du développement du bourg de Rougnat.

Christophe Moreigne évoque pour sa part un sujet d’histoire contemporaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la pénurie énergétique a provoqué un intérêt économique pour l’exploitation des tourbières du plateau de Millevaches. Dès le printemps 1940, la société SYCA (Synthèse et Catalyse) créée en 1939 par un savant, projette de s’y installer. Après un inventaire des tourbières et avec le soutien des préfets de la Creuse (Cabouat puis Jacques-Henry) et de fonctionnaires de l’État français l’ingénieur chimiste Duplan monte une usine de transformation de la tourbe en carburant synthétique. Méprisées jusqu’alors, les tourbières sont convoitées. En cette période de guerre et de grande pénurie, les enjeux du projet sont considérables, voire stratégiques. En 1942, une loi spéciale assure la création d’une société d’économie mixte : la SOTORELI (Société des tourbières de la région de Limoges) associant les départements de la région et des partenaires privés pour l’extraction de la tourbe à grande échelle. Cette « aventure industrielle » peu banale s’interrompt en 1945.