Excursion du 5 septembre 2009

Angles-sur-l’Anglin (86)

Du château de La Prune-au-Pot au prieuré de Puychevrier en s’attardant à Angles-sur-l’Anglin, l’excursion annuelle nous a conduits cette année aux confins de la Vienne et de l’Indre.

Angles-sur-l’Anglin était notre destination principale ; l’itinéraire choisi nous permit une courte visite au château de La Prune-au-Pot (commune de Ceaulmont, Indre). Château fort de plaine, entouré de douves aujourd’hui asséchées, ce château doit son nom à la famille Pot, seigneurs du lieu de 1300 à 1484 (dont certains membres furent seigneurs de Rhodes, commune de Mouhet, et vicomtes de Bridiers, commune de La Souterraine).

La tour carrée, les courtines ouest et nord et les douves datent du XIIIe siècle. La façade, avec le portail en pont-levis, les mâchicoulis des courtines et les tours ont été repris du XIVe au XVe siècles. L’usure des siècles en a laissé d’imposantes ruines qui ont, il y a quelques années, fait l’objet d’une amorce de restauration. Après un changement de propriétaire cette restauration devrait se poursuivre.

Bourgade de moins de 400 habitants, Angles-sur-l’Anglin est riche d’un passé chargé d’histoire avec l’abri sous-roche du Roc-au-sorcier et sa forteresse médiévale (fondée au XIe siècle), mais aussi d’un savoir-faire unique en plein renouveau : les jours d’Angles, broderie virtuose sur toile arachnéenne.

Notre première visite fut pour le Centre d’interprétation de la frise magdalénienne du Roc-aux-Sorciers qui restitue les œuvres pariétales sculptées sur la paroi calcaire de la falaise (occupation attestée il y a 15 000 à 14 000 ans) surplombant l’Anglin ; le site original est aujourd’hui fermé au public pour des raisons de conservation. La qualité technique et figurative des représentations (humaines notamment) de cet ensemble constitue un art monumental unique au monde pour la période du Paléolithique supérieur. Sur une vingtaine de mètres, bisons, chevaux, bouquetins, félins, corps de femmes, visages humains se mêlent en des compositions rythmées par des anneaux taillés sur des arêtes naturelles de la paroi délimitant ainsi des panneaux thématiques. Étonnant.

L’après-midi, consacré au village, nous vit déambuler dans des ruelles au profil escarpé et grimper à l’assaut de la forteresse, en ruines certes, mais encore formidable. Malgré les aménagements successifs, elle reste un étonnant témoignage militaire de l’époque romane. Avec l’installation sur l’autre rive de l’Anglin du monastère Sainte-Croix, elle donna naissance à un bourg important (ville haute et ville basse) clos à son tour de murs au XVe siècle. L’exercice, excellent après un repas qui le fut également, ne rebuta personne, même s’il s’avéra un peu laborieux pour certains.

L’espace d’exposition consacré à la broderie dite « jours d’Angles », terme de notre visite, en éblouit plus d’un. Extrême finesse et grande rigueur pourraient définir les broderies à l’aiguille exécutées sur des supports tels que la soie, le lin, le coton ou tout autre textile à tissage toile. Créée au milieu du XIXe siècle cette technique occupa jusqu’à 300 ouvrières dans les années 50. Après deux décennies de déclin et une disparition imminente, quelques femmes, regroupées en association, tentent de sauver ce savoir- faire en continuant la production et en organisant des formations.

Notre ultime arrêt sur le chemin du retour fut pour le prieuré de Puychevrier situé sur la commune de Mérigny dans la vallée de l’Anglin. Fondé au XIIe siècle par l’Ordre de Grandmont, il présente une architecture typique de cet ordre : austère et sobre mais non dépourvue d’élégance. Composé, à l’origine, de quatre bâtiments ordonnés autour d’une cour centrale avec une église au nord, il a subi d’importantes modifications au cours des XVe et XVIIe siècles. L’église et la salle capitulaire demeurent les éléments les plus intéressants qui subsistent du XIIe siècle.

Propriété privée, classé monument historique en 1979, Puychevrier est magnifiquement restauré par ses propriétaires qui, après une visite très érudite, nous offrirent quelques rafraichissements bienvenus en cette fin de journée bien remplie.

Pas de train à proximité du château de La Prune-au-Pot, cependant des distractions pour les belles Charolaises quand une manœuvre malheureuse oblige les voyageurs à « salir la chemise » pour continuer le voyage.

Texte Gilliane Rommeluère
Photos Sylvie Dussot et Jean Lelache